Ces temps-ci, je réfléchis au fameux “FOMO”.
(Fear of Missing Out pour ceux qui seraient vierges de ce sentiment ou du moins de son petit nom)
Ça me fait tellement bizarre cette espèce de dualité qui m’habite de temps en temps. OK – relativement souvent, j’avoue.
Dualité entre profiter du moment présent et l’espèce de sentiment de vouloir de tout faire, d’être en contrôle de l’histoire qu’on va avoir à raconter. Dans ce cas-ci, la pression de “réussir son voyage”.
(Petite parenthèse : je parle de voyage ici puisque c’est ma réalité en ce moment, mais je trouve qu’il y a des analogies à faire dans toutes les facettes de notre vie qui exigent une prise de décision, c’est donc dire pas mal tout, héhé.)
Because yes, la performance peut s’appliquer au voyage. Je pense qu’avec les médias sociaux, on est d’autant plus confrontés à ça, et malgré que je me considère une slow traveller bien affirmée, je ne suis pas épargnée.
(D’ailleurs quelques jours après que j’aie écrit ça, mon amie Christine m’a envoyé un podcast assez intéressant sur le sujet – synchronicité much? – The Outsider Podcast, à écouter ici)
L’arrivée insidieuse du FOMO

Prêtons-nous à l’exercice. Je suis ici à La Palma, en mode remote living/working. En vrai, j’ai les mêmes “concerns” qu’à la maison, vie sociale en moins : travailler, faire du sport, prendre du temps pour connecter avec moi-même, bien manger…you know the drill. La grosse différence, c’est que tout ça se passe dans un cadre absolument paradisiaque, à un rythme différent que d’habitude, chose que je peux me permettre, thanks to le décalage horaire avec le Québec.
Les matins sont délicieusement lents et en général dédiés à moi (et j’avoue rarement me réveiller avant 8h, je me permets d’être une jeune pacha en exil). Yoga, préparation du thé quotidien, petit café, des fois un jogging (I’m no runner, mais tsé une fille se donne des défis de temps en temps), déjeuner frais…je commence rarement à travailler avant midi, pour terminer plus tard en soirée.
Donc, c’est comme la vraie vie, mais loin de la maison. Pas juste une série d’explorations sans fin, à explorer les moindres recoins de La Palma. Parfois, je prends off et je me permets d’aller jouer, mais c’est pas toujours possible bien évidemment.
C’est là que les doutes s’invitent.
« Tant qu’à être ici, est-ce que je ne devrais pas explorer plus? Est-ce que je ne devrais pas toujours être dans la forêt ou les montagnes, avide de découvrir mon environnement? En même temps, est-ce que c’est pas assez de simplement prendre soin de moi et me laisser l’espace pour de nouvelles émotions et réalisations? Prendre le temps d’écrire, d’intégrer, d’instaurer de nouvelles habitudes que je struggle à mettre en place au Québec? »
Quand j’ai écrit ce texte, j’étais en pleine ambivalence à sortir faire une rando, ou simplement m’asseoir, lire, et regarder les nuages. Ça a l’air hippie à souhait dit comme ça, mais ce jour-là, la muraille de montagnes qui entoure la maison était recouverte de nuages qui s’invitaient doucement dans la vallée où je vis, on aurait dit une chute, littéralement. Un vrai beau spectacle à regarder, café à la main.
Culpabilité et soleil

Est-ce que je suis la seule qui ressent de la culpabilité à ne pas me précipiter pour faire du plein-air quand le soleil sort? J’imagine que c’est peut-être un peu relié au persona que je me suis bâtie à travers le temps, comment je me présente dans le monde. Une fille qui fait des trucs, qui aime ça quand ça bouge, toujours en train de tripper.
Je veux dire, don’t get me wrong, j’adore jouer dehors. Mais ces jours-ci, quand je prends des décisions, peu importe quoi – de mon prochain repas à ma pratique de yoga ou comment occuper mon temps, j’essaie que cette décision vienne de mon coeur et non d’un feeling d’obligation.
Vivre une vie plus intentionnelle et laisser la magie de l’Univers opérer.
Mais, easier said than done, mon cerveau est pas toujours d’accord pour ce modus operandi. Au final, je pense que ce qui tue, c’est la perception qu’on a de comment nous devrions être ou agir. « I should be doing this, or that right now. » Un genre de self-imposed FOMO.
Retour à mon struggle de bouger ou chiller au soleil, cette dite culpabilité, quand on s’y attarde, elle vient d’où? De la peur de ne pas avoir assez de choses à raconter? Qui refasse jamais soleil? De ne pas remplir les attentes liées à notre égo? Real talk ici : La police du soleil n’existe pas. Lui, il va sortir, briller et faire son truc, et s’en foutre complètement de comment je décide d’utiliser les minutes de cette journée.
FOMO et prise de décisions
La même logique s’applique aux choix quand on est en voyage. Je vois le temps à La Palma s’écouler rapidement, moi qui capotait de rester un mois ici à la base, sans distraction ou moyen de locomotion autre mes pieds, j’aurai pas vu le temps passer. Honnêtement, ça me fait* un peu peur,
(*Faisait : quand j’ai écrit ce texte à la base, mais j’ai maintenant décidé mes prochains moves et je suis TROP EXCITÉE!)
Peur de passer à côté de quelque chose. De ne pas avoir tout vu ce que cet endroit magique a à offrir. Comme si je pouvais pas revenir quand je voulais, comme si avoir passé trois mois dans les Canaries à simplement apprendre à mieux m’aimer et “être” était pas suffisant.
Peur parce que je ne savais pas quoi faire après. Parce qu’il y a dans ma tête l’idée initiale que j’avais en arrivant en Europe, puis l’univers d’autres possibilités qui existe. Parce qu’une fois en Europe, littéralement, tout est possible. Une grosse game de Choose Your Own Adventure.
Retour à la pression de réussir son voyage. Quelle est LA meilleure décision? Qu’est-ce que mon âme a envie de vivre? C’est quoi l’intention? Je vais tu passer à côté de quelque chose?
As if I didn’t know by now that each step of the way is magical in its own way, and brings its own wisdom and teachings.
Friendly reminder to myself: make time to slow down and surrender to the flow of life. Don’t rush from one thing or place to another, checklist in hand, trying to control every outcome.

FOMO = perception de soi + égo
Une équation qui fait du sens pour moi, et qui m’aide à mieux comprendre. À déconstruire ce sentiment-là quand il se présente. À relativiser le tout.
Je pense qu’au final, la solution réside dans l’acceptation. Accepter de ne pas tout voir. Que même si j’adore le plein-air, je n’enfile pas nécessairement mes chaussures de rando dès que j’ai une seconde de libre. Que je suis un être complexe aux multiples facettes, avec des envies, besoins et rythmes différents, all wrapped into one body, mind & soul. De me ramener à intention initiale lors du départ.
Et suivre son coeur. Toujours et encore, parce que c’est rare qu’il se trompe celui-là.
Vous en pensez quoi?
P.S. : J’ai fini par décider de lire au soleil et regarder les nuages, avec pour résultat un impressionnant coup de soleil sur le chest, yes girl! ☼